LE CHEMIN DE CROIX

Chemin de Croix

Les pèlerins se suivent en une longue procession interrompue à chacune des quatorze stations, déposant comme offrandes ces petits cailloux, choisis avec soin, caressés, réchauffés au creux de leurs mains et qui gardent encore un peu de leur âme bien après leur départ.
Des haltes parfois distantes de plusieurs lieues quand ils se sont enfin décidés à s'aider d'un bâton  pour soutenir leur marche, se munir d'une besace et d'une gourde pour leurs besoins journaliers, sûrs que pour le reste Dieu y pourvoira. Connaissent-ils seulement leur destinée, sur ce Chemin de Croix qu'eux seuls se sont imposé ?
Est-ce de l'inconscience ou bien au contraire l'assurance de ne plus rien avoir à perdre, à y gagner leur salut ?
Pas nécessairement se démunir complètement, si ce n'est espérer laver leur âme -combien pèse une âme ? - Je ne peux aller plus loin. Mes pas ne me portent plus, le souffle me manque, mon âme refuse de rester blottie au fond de son berceau ; est-il vrai que l'on arrive à la peser, cette âme, existe-t-elle vraiment ? Est-ce blasphémer que d'en douter ?